Excursion du 3 septembre 2011

Crozant & Fresselines

Cette année, pas de lever aux aurores pour nous rendre dans des contrées lointaines. Crozant et sa forteresse étaient notre objectif le plus éloigné.

Avant de l’atteindre, une première halte nous permit une visite studieuse et captivante de la chapelle des Forges sur la commune de Fresselines, grâce aux connaissances de Noëlle Bertrand. Dédiée à saint Gilles c’est un édifice bien modeste extérieurement, à l’aspect même un peu rude, mais qui, le seuil passé, laisse admirer un lambris de couvrement peint d’un décor symbolique d’un type rare, représentant les litanies de la Vierge et daté de 1631. Attestée dès le XIIe siècle (le bâtiment actuel date du début du XVIIe siècle), elle appartenait alors aux moines d’Aureil qui la cédèrent en 1210, avec le village, à l’abbaye d’Aubepierre.

La journée n’en était qu’à son début. Le terrain chaotique de l’éperon de Crozant attendait les plus alertes ; le car déposa le petit groupe restant à Fresselines. L’espace Monet-Rollinat, outre l’exposition permanente consacrée à Maurice Rollinat et au travail que Monet accomplit durant son court mais fructueux séjour (une vingtaine de tableaux actuellement répartis dans les musées les plus renommés), présentait cette année une centaine de tableaux de peintres paysagistes réunis autour du thème « Les ciels ».

La visite de l’église Saint-Julien (XIIe-XIVe siècles) donna l’occasion de découvrir pour certains, de redécouvrir pour d’autres, quelques petits trésors : la statue en pierre polychrome de saint Julien de Brioude (XVIe siècle), les boiseries peintes du XVIIIe de la chapelle nord ou encore, dans cette même chapelle, moins connus, les bas-reliefs d’Anna Quinquaud. Jean-Marie Laberthonnière, L’éclaircie.

Quelques centaines de mètres à pied et, à la sortie du bourg, au lieu-dit La Pouge, là où Maurice Rollinat avait séjourné de 1883 jusqu’à sa mort en 1903, les « Fresselinois » reprirent le car en direction de Crozant.

Le groupe de Crozant, lui, avant de s’engager sur le terrain, s’est rassemblé sur l’esplanade qui domine l’éperon. Patrick Léger a évoqué les occupations du lieu antérieures à l’époque médiévale, occupations révélées notamment par les fouilles menées par Benjamin Lasnier et qui ont montré une activité humaine quasi continue depuis le néolithique jusqu’à l’époque médiévale en passant par les âges du bronze, du fer et la période gallo-romaine*. La visite des ruines de la Saint Julien de Brioude forteresse médiévale s’est ensuite déroulée sous la conduite d’Alain Breuillet qui, en tant que président de l’office de tourisme du Pays dunois et fin connaisseur de son territoire, avait accepté de nous accompagner tout au long de cette journée.

À midi et demi le contact étant rétabli entre les deux groupes, le Restaurant du lac, sur la rive berrichonne de la Creuse, nous accueillit pour refaire nos forces avant un après-midi à l’emploi du temps serré. Après le déjeuner, une heure de navigation – aller-retour depuis le pont sur la Creuse au pied des ruines jusqu’au barrage d’Éguzon – compléta le temps de pause et nous permit d’apprécier les paysages sous un angle différent.

Le domaine des Places, dont les propriétaires avaient bien voulu nous ouvrir les portes, était notre rendez-vous suivant. Ce domaine dépendait de la châtellenie de Crozant. Il ne reste aujourd’hui, autour d’une habitation moderne, qu’un pavillon en cours de restauration, une chapelle et un colombier sans toit. L’imposant pavillon est en réalité une entrée à pont-levis du XVe siècle flanquée au XVIIe-XVIIIe siècle de deux tours à lanternons. La chapelle, Notre-Dame des Places, datée de 1686, est toujours le lieu d’un pèlerinage annuel. Le fronton de sa porte est orné des armoiries de la famille Foucault de Saint-Germain-Beaupré à qui l’on doit les aménagements du pavillon.

Notre dernier arrêt fut pour l’église Saint-Pierre-ès-Liens de Sagnat qu’Alain Breuillet nous fit visiter avec beaucoup d’enthousiasme. Ce très beau bâtiment construit aux XIe et XIIe siècles a gardé son aspect primitif très épuré. Il vient d’être l’objet d’importants travaux de rénovation extérieurs et intérieurs, notamment des fresques du XIIe siècle.

Le retour à Guéret eut lieu à une heure raisonnable. Somme toute, une bonne journée partagée en bonne compagnie.

Texte Gilliane Rommeluère
Photos Sylvie Dussot